FESTIVAL ESPÈCES D’ESPACES

Théâtre Océan Nord

04 > 27.04

COMMENT REGARDER ?
COMMENT COMMENCER DE VOIR DANS LES CHOSES AUTRE CHOSE QUE CE QUE L’ON M’A HABITUÉ·E·S À VOIR? 

GEORGES PEREC



Avec le Festival « Espèces d’espaces », le Théâtre Océan Nord et Isabelle Pousseur proposent une exploration poétique et politique de nos environnements. Du quartier Manhattan à Bruxelles au maquis de Ouagadougou, les créations nous invitent à jeter un nouveau regard sur les espaces que nous traversons – et qui nous traversent. En spectacles, lectures et rencontres, le festival dépayse nos regards et nous rassemble autour d’une question qui n’a rien d’anodine : où sommes-nous ?  


                  

Le Théâtre Océan Nord réinvente l’exploration spatiale
Par Laurent Ancion

Un thème puissant, une ferveur publique, un succès de presse.
Aucun doute : qui y était s’en souvient. La puissance émotionnelle des festivals « Mouvements d’identité » en 2018, puis « Mouvements d’altérité » en 2021, restera gravée pour longtemps dans la mémoire des spectateurs du Théâtre Océan Nord – et dans celle de son équipe. Pourquoi ? Sans doute parce que ces festivals incarnent intensément le pari du Théâtre Océan Nord, depuis son installation au coeur de Schaerbeek en 1996 : proposer des créations exigeantes sans jamais perdre le lien avec l’environnement direct du théâtre.

Ce pari s’incarne tout particulièrement dans le troisième festival que prépare le Théâtre Océan Nord : avec trois spectacles et de multiples « à-côtés » (rencontres, films, débats), le festival « Espèces d’Espaces » propose de nous interroger ensemble sur les espaces que nous habitons – et qui nous habitent. Tous les jours, nous traversons des lieux et y vivons « notre » histoire. Mais ces espaces ne nous traversent-ils pas, eux aussi, et n’ont-ils pas leur mot à dire ? Le bout de Terre que nous arpentons nous constitue et nous façonne. Et si on laissait l’extérieur nous raconter des histoires ?

Le festival est une invitation à déambuler, par la grâce du théâtre, à travers un autre type d’« exploration spatiale » : il ne s’agit pas d’enfiler sa combinaison pour arpenter les confins de l’univers, mais de réapprendre à ouvrir les yeux sur les espaces que nous foulons – et nous interroger au passage sur ceux que nous voulons. « On n’arrive plus à traverser notre ville comme une ville étrangère. Comment retrouver la curiosité par rapport à des endroits qu’on connaît bien ? », s’interroge Isabelle Pousseur. « C’est une des fonctions du théâtre de déplacer les points d’attention. De nous permettre la redécouverte et l’étonnement. »

Ferveur publique
La force des festivals « Mouvements d’identité » en 2018 puis de « Mouvements d’altérité » en 2021 reposait notamment sur la puissance de ses spectacles : on en tiendra pour preuve objective la pluie de prix qu’ils ont entraînés : Prix Maeterlinck du Meilleur Spectacle et de la Meilleure Comédienne pour « Final Cut » de Myriam Saduis, Prix du Meilleur Seul-en-scène pour « Legs » d’Edoxi Gnoula, nomination comme Meilleur Spectacle pour « Éloge de l’altérité » d’Isabelle Pousseur – parmi d’autres récompenses, l’enthousiasme de la presse confirmant celui des publics. La programmation du festival « Espèces d’Espaces » vise la même intensité créative, avec quatre spectacles qui explorent chacun à leur façon la richesse d’un thématique universelle et sans frontière.

Au programme :

👉 La nouvelle création de Laure Lapel et Jérôme Michez : L’Autre Projet
Représentations au Théâtre Océan Nord

Après avoir donné accès, dans sa dernière création « La Place »  (nommé comme meilleure mise en scène aux prix Maeterlinck 2023), à des personnages (tirés du réel) qui subissent les changements d’une place publique, « L’Autre Projet »  souhaite investiguer le point de vue de personnes qui dominent l’espace, qui décident de ce qu’il sera et ce faisant oblitèrent les dynamiques collectives, culturelles, familiales qu’elles perturbent : d’une part les décideurs politiques et promoteurs immobiliers, d’autre part les architectes et urbanistes, experts et en même temps médiateurs entre leurs commanditaires et les habitant·e·s. Comment se constate cette distance sociale, dans le discours, dans les corps, dans les espaces de prise de parole ? Par quels mécanismes de pouvoir se valident les discours officiels qui cherchent à transformer l’espace ?

👉  La nouvelle création de Magrit Coulon et Bogdan Kikena : Toutes les villes détruites se ressemblent
Représentations au Lycée Émile Max

Alors que la guerre a repris en Europe, les visiteur·euse·s  ne viennent plus, et Pascal et Maya, séculaires gardien·ne·s du Musée Européen de la Mémoire et de la Destruction, s’interrogent sur leur avenir. Où sont passés les visiteur·euse·s ? À quoi sert de se souvenir ? Et à quoi bon le MEMED. Figures énigmatiques, burlesques et pourtant quotidiennes, ces deux serviteur·ante·s de la Mémoire s’efforcent de trouver un sens au temps qui passe et au travail qui est le leur, celui de toute une vie. « Toutes les villes détruites se ressemblent »  est un projet de théâtre pensé pour des espaces non-théâtraux. Avec ce projet, les spectateur·rice·s sont invité·e·s au spectacle d’une mémoire européenne ruinée, et de la vie quotidienne des gardien·ne·s désoeuvré·e·s du MEMED. Le spectacle travaille à rendre sensible, à sa manière tragi-comique et parfois grotesque, le poids qu’exercent la mémoire et la nostalgie sur nos imaginations et sur nos vies.

👉 La reprise de LEGS (suite), d’Edoxi Gnoula et Philippe Laurent. 
Représentations au Théâtre Océan Nord

Sacrée meilleure humoriste au Burkina en 2013, Edoxi Gnoula nous transporte au cœur d’un maquis africain dont elle interprète avec talent tou·te·s les occupant·e·s. Un one woman show captivant ! Prix Maeterlinck du meilleur seul en scène en 2019. « LEGS (suite) » (donation, héritage en français ou jambes en anglais) est le récit d’une jeune femme qui s’interroge sur son statut d’enfant bâtarde. Edoxi a été élevée par sa mère et n’a jamais été reconnue par son père, qui habitait pourtant dans le même quartier pauvre de Ouagadougou. Nulle complainte dans ce travail, c’est plutôt la rage qui cogne aux fenêtres. Au père qui abandonne ses enfants vient répondre le dictateur qui abandonne la nation, par un raccourci poétique et politique fulgurant.

👉 Espaces perdus
au Théâtre Océan Nord

Lecture du texte de Georges Perec « Espèces d’Espaces » par Bogdan Kikena et Magrit Coulon. Où sommes-nous ? Et pourquoi ? À l’heure où de nouveaux et violents conflits de territoires entaillent la planète, au moment où un doute aigu saisit l’humanité sur la survie possible de son espèce, s’interroger sur les espaces où nous vivons semble prolonger les plus profondes questions sur notre destinée individuelle ou collective. L’équipe de « Toutes les villes détruitent se ressemblent » nous emmènera dans les pages du livre de Georges Perec, pour une « mise en lecture » de ce roman où l’auteur français montre comment l’espace se construit ou se déconstruit, en prenant l’exemple de lieux comme sa chambre, sa rue, sa ville. 

👉La balade sonore d’Isabelle Jonniaux :  Echappée Urbaine #4
Parcours sonores audio-guidés dans le quartier et les alentours du Théâtre Océan Nord

Ces explorations urbaines sont conçues in situ, en lien direct avec l’environnement et la géographie du lieu d’accueil. Isabelle Jonniaux ouvre un dialogue avec l’espace urbain. Bâtiments, tags, enseignes, rencontres: autant d’éléments à partir desquels elle tisse des récits sensibles,  poétiques, absurdes ou drôles. Muni d’un smartphone et d’écouteurs, le public expérimente, de manière solitaire ou collective, une déambulation sonore dans la ville. Il est invité à se déplacer, dans tous les sens du terme ; il s’agit de déplacer les points d’attention, de décaler le réel, de convoquer d’autres temps, d’autres pensées, d’autres fictions. Tenter de faire émerger une réalité alternative. 

👉 Et aussi : des projections, des à-côtés, des invité·e·s surprises, notre partenariat avec les élèves en option théâtre de la classe de Martine Mabille du Lycée Emile Max qui présenteront leur propre version du spectacle « Toutes les villes détruites se ressemblent» sous la direction de Laure Lapel, un focus sur la notion d’espaces avec nos partenaires Les Amis d’Aladdin.

De beaux moments d’échanges et de rencontres à venir partager avec nous !

Chaque manifestation interrogeant, à sa manière, ces milieux ambiants dans lesquels nous évoluons : villes, campagnes, quartiers qui nous modifient et nous traversent autant que nous les traversons et les modifions. Chaque spectacle s’empare de ces interrogations et fait de l’espace un personnage à part entière. Ici point d’unité, l’espace ne vaut que par sa multiplication et sa mouvance, nous obligeant à appréhender le passage, la transformation. Si le territoire se définit par ses frontières, l’espace, lui, permet la liberté de mouvements. S’y référer c’est exprimer l’impalpable et l’immatériel, c’est revendiquer la pensée plutôt que l’idéologie.

Production Théâtre Océan Nord Coproduction La Coop asbl, taxshelter.be Soutiens Fédération Wallonie-Bruxelles – Service du Théâtre, COCOF, ING, Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge, Loterie Nationale.

CALENDRIER

04 > 27.04

BILLETTERIE
La billetterie ouvre 1h avant le début de la représentation.
Vous pouvez payer en liquide ou bancontact.
Réservations : billetterie@oceannord.org ou 02 /216 75 55

BAR
Nous ouvrons le bar 1h avant le début de la représentation.