Résidence – Le Lac

Djo Nkelega / La Seringu’arts

11 → 30/09/2023

C’est le matin, six heures on dirait, une foule prétend qu’un corps est tombé dans un lac. Ou
dans ce que tout le monde a décidé d’appeler « Lac » parce qu’il y a de l’eau. Des poissons. Des
gens. Des femmes surtout. Qui lessivent souvent mais qui peuvent aussi se laver. Des
hommes aussi. Même si ce n’est pas du même côté qu’ils se lavent. Une barre de fer usée
que tout le monde appelle Rambarde parce que personne n’a trouvé le nom qui lui convient.

Un vieux et un jeune qui étaient dans la foule et qui se sont écartés un peu mais qui pouvaient
entendre la foule et que la foule pouvait entendre, vantent chacun l’épopée de sa génération : son époque, sa politique, son social, ses dirigeants…

On penserait à un conflit de génération alors qu’en réalité, ça ne l’est pas. Si du choc des idées jaillit la lumière, de leur choc naît l’unité. L’unité d’un peuple pour empêcher au lac de bouffer ses propres filles et fils comme il en avait déjà pris l’habitude depuis quelques années. Du fond du lac ou mieux de ce
que tout le monde a décidé lac, le vieux, le jeune. Tout autour, la foule attend avec impatience
pour voir ce que les deux protagonistes ramèneront à la surface.
Peut-être rien.
On ne le saura peut-être jamais.

À la voix du jeune de dire depuis le fond du lac :
Seule la musique est vraie
Seule la musique est concrète dans ce pays
Elle est tout ce qui nous reste de beau, d’humain, de concret
Elle a traversé des générations
Elle fait notre fierté
Alors faut danser
Alors faut chanter

Un projet de collaboration entre les compagnies La Seringu’arts (Lubumbashi/RDC), La Facette (Bruxelles/Belgique), et Lucile (Franco-
Camerounaise/Marseille) sur un texte de Djo NGELEKA – Comédienne Solange Muneme – Régisseur Guy Mukonkole
Avec le soutien du Théâtre Océan Nord de Bruxelles, Institut français de Lubumbashi et Kinshasa
Mise en scène Djo NGELEKA Creation costume Laura UGHETTO Chorégraphie Lucile Teche